TOUR ULM DES JEUNES 2023. Par Alain Marianne.
Etape 6. Le 28/07/2023.
Le réveil se fait sous une petite pluie fine. Encore une journée qui commence par un ciel chargé de stratus. Il est six heure du matin j’ai pris la décision de ranger mon matériel le plus rapidement possible. Cela commence mal je n’aime pas faire cela sous la pluie. Les affaires vont être humides. Heureusement, malgré le ciel chargé, la pluie cesse. Petit déjeuner copieux et briefing météo pour nous dire qu’il va falloir encore attendre avant de partir. Nous allons nous séparer en deux groupes. Les ULMistes, les vrais, ceux qui vont pouvoir se poser sur la « micro piste » de Saint-Lieux-Lès-Lavaur (280 m x 30m) et ceux, comme moi, qui considèrent que l’on peut s’y poser certes, mais qu’il est peut-être difficile d’en redécoller.
Lors du briefing je comprends que c’est une piste qui nécessite, à mon avis, que l’on s’y pose avec un instructeur au préalable pour en découvrir les subtilité (type piste avec statut restreint en avion). Elle est bordée à ses extrémités par une route d’un côté et par une ligne d’arbre à son opposé. Le manuel de vol que je consulte nous donne, pour mémoire, 150 m pour l’atterrissage et 220 m avec passage des 15 m à la masse max.
Il y a 280 m, cela passe, mais on ne va pas le faire. On ne va pas prendre de risque le dernier jour. Il faut que tout cela se termine sans frayeurs avec une machine qui doit retourner dans son état initial à Chavenay.
L’attente se prolonge on est bloqué sur le terrain de Saint Junien par la météo. Le repas du midi est improvisé sur place.
Les bénévoles sont toujours aussi sympathiques et dévoués. Donc pas vraiment un souci pour nous de nous retrouver « tanker ». C’est une expression que j’ai entendu de Dominique Méreuze l’ancien président de la FFPLUM qui nous a quitté en 2015. J’avais découvert le tour 2014 avec lui au commande de la très grosse organisation de l’époque (120 appareils). Il était partisan de partir en vol pour évaluer la météo lorsqu’il y avait un doute. Il en avait fait la démonstration à mon plus grand étonnement alors qu’un phénomène de la goutte froide nous avait bloquée plusieurs jours à Augignac.
La douzaine de machines de ce tour 2023 décollent finalement à 14h00. Pour le trajet j’ai proposé à Mathilde un bouquet final avec les gorges de Vézère, de la Dordogne et du Lot. On va voler bas pour en profiter au maximum…tout en gardant un oeil sur la MTO.
Nous savons que nous allons quitter la région Nouvelle Aquitaine pour l’Occitanie. Il faut faire des réserves d’images inoubliables pour les longues journées d’hiver où nous serons cloués au sol, privés de notre passion du vol. Sur le chemin nous allons croiser la trajectoire de nos compagnons d’aventure. Nous sommes plusieurs à avoir eu la même idée.
On gère les espacements à la radio sur la fréquence du tour et avec l’application SkySafe qui nous montre avec précision la position des autres participants. Nous ne volons pas sous SIV lors du tour à la demande de l’organisation.
Tout cela passe très vite, trop vite et nous voici à Gaillac. C’est notre terrain de destination. Une piste en herbe de 1000 m x 60 m, un billard!
Les contrôleurs du tour, Michèle et Sébastien, s’y sont posés avec le TB10 de la DGAC avant nous.
Ils nous ont accompagnés sur toutes les étapes et ont rythmé de leurs voix nos départs et nos arrivées tout au long de nos pérégrinations.
Nous sommes en auto information mais Sébastien nous signale de nous méfier d’une arrivée sur plan haut. Verticale terrain et nous nous reportons sur la piste en service : la 25 main gauche.
La ville nous bloque pour prolonger la vent arrière. On passe en base avec l’impression d’être effectivement trop haut sur le plan. Il faut corriger sinon on va effacer la piste. Alors un billard cette piste, pas vraiment !
Je propose de faire une glissade pour rattraper le plan. Je guide Mathilde dans la manoeuvre. Elle termine l’atterrissage en autonomie complète. Le touché est parfait. La même aventure va se reproduire pour l’Aeroprakt A22 qui nous suit. Il va avaler les 500 premiers mètres avant de toucher la bande herbeuse.
Un bon tiers de la caravane est sur le terrain de Gaillac soit la moitié des 3 axes. Transit rapide en bus vers notre destination finale.
On arrive dans un paradis pour ULMistes. Au milieu des champs, au bout d’une petite route qui serpente dans la campagne, un étang, une piste engazonnée, le hangar et son club house avec tout confort.
Au programme baignade et pédalo pour les jeunes. On a l’impression qu’ils sont ensembles depuis des semaines.
Je vois Mathilde propulsée à l’eau avec l’aide de ses camarades dont Simon ...
Apéritif, discours des officiels, président de la FFPLUM, maires, conseiller municipaux, … mon esprit est ailleurs.
Je profite du paysage. Le couché de soleil magnifie encore plus l’ensemble.
On s’attable. Mon voisin est un gendarme de la BGTA qui a été en détachement à la l’ile de la Réunion. J’essaye de convaincre sa collègue, toute jeune qui est en formation, qu’il faut se mettre à l’ULM 3 axes. Je sympathise avec Francis, un des fondateurs d’AéroGligli, que je n’avais jamais rencontré mais avec qui j’échange par mail et au téléphone depuis des années pour lui commander des licences pour mes élèves BIA et élèves pilotes.
On est un peu comme la dernière planche des BD d’Astérix et Obélix.
C’est le banquet où tout le monde est autour de la table heureuse de partager ce moment commun : pilotes, élèves, autorités, élus, fédération, …
On a même un barde qui chante que j’ai envie de bâillonner et de ficeler autour d’un chêne.
Je sais que la soirée ne va pas se poursuivre au-delà minuit ce soir pour moi.
Encore un effort et je trouve des prises pour mettre en charger tous mes appareils : portable, tablette pour notre vol retour. Un petit doute persiste sur la possibilité de voler demain. Les prévisions sont pessimistes sur le massif central et en arrivée sur la région Ile de France.
Demain je ferai comme Dominique nous l’a montré en 2014, on testera en vol …Ce sera la leçon que je donnerai à Mathilde
Extinction des feux. Le tour se termine pour moi ce soir. Demain il faudra revenir au club une long chemin nous attend.